Homélie de Monseigneur Pascal CHANE-TENG
Mercredi 27 avril 2024 en l’église de Saint-Louis
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Certains fidèles viennent pour la première fois à la messe chrismale, je vais
la présenter en deux points : tout d’abord quel est son contenu ? Puis, comment
la vivre aujourd'hui de manière plus concrète ?
En premier lieu, nous célébrons les deux cadeaux que le Christ nous donne :
les prêtres et la messe, c’est-à-dire le sacerdoce et l’Eucharistie. Sous les humbles
apparences du pain et du vin, notre Seigneur Jésus nous révèle que son corps
offert sur la Croix est réellement présent dans le pain et le vin, toujours et
réellement disponibles sur l’autel. L’hostie n’est pas une présence symbolique du
Corps de Jésus, mais présence réelle active, Corps livré entièrement par amour.
Jésus se laisse être mangé.
Jésus brûle aussi du désir que ses disciples participent intimement à son
offrande pour le sauvetage du monde. Il crée donc des serviteurs spéciaux : les
prêtres. La préface de la prière de consécration de ce jour dit : Il choisit aussi des
hommes qui, en recevant l’imposition des mains, auront part à son ministère… en
livrant leur vie pour toi et pour le salut de leurs frères et sœurs, ils s’efforceront
d’être à l’image du Christ.
Pour sa part, dans un document du 19 mars 1999, la congrégation pour le
clergé évoque la figure du prêtre comme maître de la parole de Dieu et ministre
des sacrements : C’est son union spirituelle avec le Christ Prêtre et hostie qui le
conduit à être -comme disait st Ignace d’Antioche- froment de Dieu pour être
trouvé pain pur du Christ pour le bien de ses frères.
Père Antoine Chevrier dira pour sa part que le prêtre est un homme mangé :
il se donne pour servir et guider le Peuple de Dieu dans l’amour, la vérité et la
force.
Aujourd'hui, l’Eglise diocésaine – les fidèles – entourent l’évêque et les
prêtres qui renouvelleront solennellement leurs promesses de prêtre.
En second lieu, comment servir aujourd'hui ? Deux moyens sont proposés :
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Le 1er moyen : Pour la mission et le salut du Peuple de Dieu, 3 huiles d’olive sont
consacrées par l’évêque :
- L’huile des malades en vue de donner force, courage et la guérison si Dieu
néna pitié ;
- L’huile des catéchumènes pour les rites préparatoires en vue du futur
baptême ;
- Le Saint-Chrême pour les rites du baptême, l’ordination, la confirmation, la
consécration des églises, autels et cloches. Parfumé à l’essence de
géranium.
Le 2e moyen : Comment mieux déployer notre vocation sacerdotale, comment
mieux construire la mission dans notre diocèse en tant que prêtre, évêque, diacre,
responsable d’Eglise, et de manière plus large en tant que fidèles baptisés ? Je me
suis posé la question après 47 ans d’épiscopat de notre cher évêque émérite Mgr
Aubry ici présent. Quels axes pastoraux pour un proche futur ? J’ai consulté le
nouveau conseil de l’évêque : comme l’indique son nom, il entoure l’évêque de
ses conseils et de son discernement avec des prêtres, religieux, une religieuse et
une femme laïque. Voilà l’intuition qui apparaît : demander la compétence d’un
professionnel-consultant et de son / ses collaborateurs. C’est un cabinet fondé
Matthieu DAUM qui a publié son parcours en 2020 : Un consultant chez les
religieuses, éd. Salvator.
Consultant : le mot peut déranger. L’Eglise n’est pas une entreprise ?!
Les réponses des paroisses et mouvements au questionnaire du synode lancé par
le pape François ne suffiraient-elles pas pour dégager des pistes de mission ? Mais
comment s’est-on approprié les conclusions au niveau de l’ensemble de notre
diocèse et comment les mettre en œuvre ?
L’intuition partagée dans le conseil de l’évêque est de vivre un processus
avec l’aide d’un expert qui déjà connaît l’Eglise, avec l’aide des prêtres, diacres,
les fidèles laïcs et les mouvements du diocèse.
Mathieu DAUM un consultant qui a été au service de la conférence des
Evêques de France et de plusieurs congrégations religieuses. Ses collaborateurs
et lui ont fait leurs preuves au service de l’Eglise. Je résume son parcours que vous
pouvez découvrir dans son livre. Un jour, il est sollicité par une communauté
religieuse afin de résoudre une crise interne : il réussit à trouver non sans mal la
solution, en devant revoir sa manière de travailler quand on veut se mettre au
service de l’Eglise. Ayant appris ce succès, d’autres congrégations l’appellent pour
accompagner et réformer leurs structures. Au fil du temps, il élabore une
approche spécifique pour les aider à se renouveler et à se régénérer. Et une autre
transformation plus subtile et inattendue se fait jour : la sienne, sa conversion. Il
est devenu un transformateur transformé.
Sa méthode : la conversion spirituelle dans un discernement et une
intelligence collectives mentionnées déjà dans l’épisode des disciples d’Emmaüs,
méthode qui se vit avec les 3 points suivants. Je les résume, et remplace à un
moment donné le terme ‘consultant’ par « évêque, prêtre, diacre, religieux,
religieuse, responsable d’un groupe et d’un mouvement d’Eglise » :
1 - être pleinement à l’écoute : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »
demande Jésus à ses disciples. Chacun apporte son expérience, son vécu, sans
qu’il soit nécessaire d’être d’accord avec l’autre. Ensuite, j’exprime aussi mes
émotions : les disciples d’Emmaüs s’arrêtent tout tristes : de quelle manière ce
travail me touche intérieurement ?
Avec une nouveauté inhabituelle pour un consultant : guider en se laissant
être guidé, car le professionnel ne cherche pas à contrôler l’autre, mais il le rend
participant, co-auteur de son chemin de transformation. Ne pas contraindre par
des schémas préexistants, mais encourager par de nouvelles possibilités. Il n’est
pas l’expert qui sait tout et qui applique une méthode, mais il est un facilitateur,
un explorateur, un accoucheur, un sage-homme, sage-femme, un maïeuticien.
La 1ère étape demande beaucoup, beaucoup de temps, voire des années, il
faut une attention vigilante afin de lire les signaux forts et les signaux faibles. En
effet, le groupe peut faire l’expérience de la désorientation, le sentiment
désagréable d’être impuissant, aveugle, bloqué : « A quoi sert vraiment un
synode ? ». Alors, Il s’agit de rester avec le groupe et le suivre avec confiance,
comme Jésus qui continue à marcher aux côtés des disciples d’Emmaüs.
2 - dans le 2e mouvement fondamental, il ne s’agit plus d’entendre ce que
chacun propose comme piste de solution et de mission, mais plutôt de se mettre
à l’écoute de ce que Dieu essaie de nous dire. La solution ne vient pas de l’un ou
de plusieurs d’entre nous, mais elle vient de plus large, elle vient de Dieu : la prière,
la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Il s’agit de faire confiance à l’Esprit.
3 - Le 3e mouvement est plus classique : mettre en œuvre et suivre ce que
nous avons entendu. C’est la mission en acte.
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Dans cette optique, c’est le conseil de l’évêque qui vivra d’abord une
rencontre par visio avec ce professionnel. Nous verrons ensuite comment
construire les choses dans le temps, encore une fois avec beaucoup de patience.
Cela n’empêchera pas de prendre certaines décisions comme la nomination des
doyens et l’élection du nouveau conseil des prêtres.
En conclusion, il s’agira d’être régénéré par le Seigneur dans son identité de
prêtre, de laïc baptisé, afin de contribuer à la régénération du monde. Où est Dieu
maintenant dans notre société parfois si agitée ? Comment nous parle-t-il ?
Comment regarder le monde du point de vue de Dieu ?
Terminons par cette prière
Je m’offre à la toute-puissance de Dieu pour être un instrument de la vie
Que tu insuffles sur terre,
Donne-moi le courage de croire en Toi chaque fois, de m’offrir à toi à tout moment.
Je m’engage à ce que mes actions servent la vie,
A discerner de sorte que mes actions puissent être l’expression de ta volonté de
faire fleurir la vie.
Je m’engage à ce que mes projets soient des projets de vie, au service de la vie.
Mgr Pascal CHANE-TENG
Evêque de La Réunion
Posté le : 29/03/2024
