Homélie de Mgr G. Aubry pour la messe de la Rentrée de l’Enseignement Catholique

Homélie de Mgr G. Aubry pour la messe de la Rentrée de l’Enseignement Catholique

Mgr G. Aubry a proposer une méditation et un réflexion puisé dans la parabole des talents(Evangile selon St Matthieu 18, 23-35)

 

 Monseigneur Gilbert AUBRY
Evêque de Saint-Denis de La Réunion



Joie et Espérance
  Justice et Paix
Messe de rentrée scolaire
Enseignement Catholique
5 septembre 2020 – Saint-André
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DEVELOPPER  NOS  TALENTS
OUVRIR  NOS  HORIZONS
                            (Mth 25, 14 à 30 / 1 Jn 4, 7 – 12)



Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,
Chers enfants, chers jeunes,

Nous avons entendu la parabole des talents. Elle nous montre un homme qui part en voyage. Il a beaucoup de biens et il les confie à ses serviteurs pour les faire fructifier.

L’homme qui part en voyage, c’est Jésus lui-même qui remet la terre entre nos mains, qui remet La Réunion dans nos mains, qui remet nos écoles dans nos mains. Après sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection, Jésus nous envoie l’Esprit-Saint pour qu’avec les talents différents qu’il nous a confiés – à chacun et à tous – nous puissions – chacun et tous – grandir, pousser dans la vie, développer nos facultés intellectuelles, exercer notre jugement, engager notre volonté, apprendre à nous connaître, faire naître des relations d’amitié, se comprendre de mieux en mieux, nous cultiver pour pouvoir faire des choix et des projets qui mobilisent toutes nos énergies. L’Ecole doit pouvoir aider les enfants et les jeunes à faire des choix.

Des talents pour des choix

Quels choix ?  Choix pour un projet personnel de vie. Choix pour un projet d’amour avec Dieu, avec un partenaire, une partenaire pour la vie, un projet de mariage, un projet vocationnel. Que feras-tu de ta vie ? Comment réussir ta vie… non pas d’abord penser réussir dans ta vie mais réussir ta vie éternelle. Choix professionnel pour avoir les moyens de vivre, de faire vivre ceux et celles qui te seront confiés. Choix de société où la personne humaine sera au centre de toutes les préoccupations, où tous ensemble, avec nos différences, avec nos talents, nous aurons à travailler pour réaliser dans une civilisation de l’amour un monde où la paix sera bâtie sur la foi, la confiance, l’amour, la vérité, la justice, la liberté et la responsabilité.  

L’école, nos écoles, nos établissements catholiques d’enseignement doivent former progressivement et continuellement des personnes mûres, capables de reconstruire, reconstruire le tissu relationnel et de créer une humanité plus fraternelle (cf. Pape François). Il s’agit de reconstruire parce que notre monde est déboussolé par les contradictions, le manque de cohérence, les logiques de conflits d’intérêts, les individualismes qui engendrent le repli sur soi, le cocooning, une société de consommation qui est en train de se casser la figure. L’épidémie Covid-19 nous provoque à l’intériorité, à la sobriété, à la solidarité. En ce sens, notre projet de l’Enseignement Catholique à La Réunion est plus que jamais d’actualité : « Unité dans la diversité de nos charismes ». Nous ne partons pas de rien et chaque acteur doit se mobiliser avec les autres pour avancer dans la même direction.

Quels acteurs ? Je pense d’abord aux enfants et aux jeunes. Chacun de vous… toi tu as reçu un certain nombre de talents qui ne sont pas nécessairement ceux des autres. Mais quel est ton talent principal ? Découvre-le et mets-le en valeur. Tu as déjà bien progressé. Souviens-toi quand tu as commencé à écrire. Il fallait bien tenir le crayon, la plume, le stylo. Apprendre à dessiner les lettres, composer des mots, écrire des phrases, faire des dessins puis utiliser ta tablette. Réciter des poèmes, exécuter une belle chanson, faire partie d’une chorale, faire du sport, rêver d’être un champion. Et chacun de vous a un rêve. Ne te compare pas à un autre. Un autre n’est pas toi. Et même si tu penses qu’avec ton talent, un seul, tu n’arriveras à rien, ce n’est pas vrai. Développe ton filon propre. Il te préparera à choisir une filière. Il n’y a pas de sot métier et si certains disent qu’il y a de sots métiers, c’est qu’il y a de sottes gens.

Je pense à quelqu’un de haut placé qui était venu me voir catastrophé. Il rêvait pour son fils d’une profession comme chef d’entreprise, avocat, fonctionnaire d’Etat, pourquoi pas Sciences Po ou l’ENA ! – C’est bien que tu veuilles qu’il réussisse mais est-ce que c’est son choix ? – Non il veut être jardinier… Il a fallu… Ce n’est pas une déchéance que d’être jardinier. Et il est devenu un bon jardinier.

Alors je pense aux parents. Vous voulez la réussite pour vos enfants. C’est bien, mais quelle réussite ? Et me vient une pensée de Khalil Gibran, poète libanais qui écrit « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la vie à elle-même. Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes. Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier ».

Avec le Pape François,

Je pense aux éducateurs que nous sommes tous à un niveau ou à un autre, à tous les personnels dans toutes nos instances. Je pense à tous nos référents en pastorale. « Pour éduquer, il faut chercher à intégrer le langage de la tête avec le langage du cœur et le langage des mains. Qu’un élève pense ce qu’il sent et ce qu’il fait, qu’il fasse ce qu’il sent et ce qu’il pense. Intégration totale. En encourageant l’apprentissage de la tête, du cœur et des mains, l’éducation intellectuelle et socio-émotionnelle, la transmission des valeurs et des vertus théologales cardinales individuelles et sociales, l’enseignement d’une citoyenneté engagée et solidaire avec la justice, et en dispensant les capacités et les connaissances qui forment les jeunes pour le monde du travail et la société, les familles, les écoles et les institutions deviennent des véhicules essentiels pour l’empowerment de la prochaine génération. Alors là, on ne parlera plus d’un pacte éducatif rompu. C’est un véritable pacte éducatif. »

Je pense maintenant aux enseignants. Aujourd’hui, nous sommes appelés, d’une certaine façon, à renouveler et à réintégrer l’engagement de tous – personnes et institutions – dans l’éducation, pour refaire un nouveau pacte éducatif, parce que ce n’est qu’ainsi que l’éducation pourra changer. Pour cela, il faut intégrer les connaissances, la culture, le sport, la science, le divertissement et la détente. Pour ce faire, il faut construire des ponts de connexion, dépasser, permettez-moi l’expression, dépasser les « mesquineries » qui nous enferment dans notre petit monde, et avancer vers la haute mer du monde, en respectant toutes les traditions. »

Je désire, en ce moment, rendre hommage à vous, enseignants pour que, face à ce défi de l’éducation, vous alliez de l’avant avec courage et dévouement. C’est vous les « artisans » des générations futures. A travers votre savoir, votre patience et votre dévouement, vous transmettez une façon d’être qui se transforme en richesse, non matérielle, mais immatérielle, vous créez l’homme et la femme de demain. C’est une grande responsabilité. C’est pourquoi, dans le nouveau pacte éducatif, votre fonction d’enseignants en tant qu’agents de l’éducation, doit être reconnue et soutenue par tous les moyens possibles. Si notre objectif est d’offrir à chaque personne et à chaque communauté le niveau de connaissance nécessaire pour avoir sa propre autonomie et être capables de coopérer avec les autres, il est important de miser sur la formation des éducateurs avec les plus hauts standards qualitatifs, à tous les niveaux académiques (cf. Pape François).

D’où l’importance de notre ISFEC (Institut Supérieur de l’Enseignement Catholique) et de l’UCO-R qui doivent préparer nos enseignants et futurs diplômés en prenant en considération l’ancrage sur notre territoire et dans notre Histoire. Aider à prendre conscience d’une identité réunionnaise à découvrir et à développer. Non pas une identité ghetto mais une identité tremplin. Dispenser une formation supérieure qui va ouvrir les horizons sur le monde. Il ne s’agit pas simplement de prévoir la satisfaction de nos besoins locaux mais d’ouvrir aussi sur la recherche de telle manière que nos jeunes puissent aller travailler ailleurs aussi, s’ils le souhaitent et avec des compétences reconnues. N’oublions pas que nous sommes dans le bassin océan Indien où l’Inde et la Chine ont des capacités de projections, où nos plus proches voisins internationaux, l’île Maurice et Rodrigues, Madagascar, les Seychelles et les Comores, forment avec La Réunion ce qu’il est convenu d’appeler maintenant l’Indianocéanie. Il nous faut la maîtrise des technologies et la maîtrise des langues : créole, français, anglais, chinois, une langue indienne…

Nous catholiques, nous devons avoir un cœur universel qui donne du souffle à l’université, avec la foi, l’espérance et cet amour qui vient de Dieu et qui doit retourner à Dieu avec « le fruit de la terre et du travail des hommes ». Il n’est pas toujours facile d’aimer. Nous devons demander la grâce de prier et la force d’aimer pour que nous puissions nous aimer les uns les autres comme Jésus nous aime puisque l’amour vient de Dieu. Dieu, personne ne l’a jamais vu. « Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection » (cf. 1 Jn 4, 7 à 12).



Monseigneur Gilbert AUBRY

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 18,23-35

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : 

"Le royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Quand il se mit à régler les comptes, on lui amena un débiteur de dix mille talents.

Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître ordonna qu'on le vendît, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait pour que paiement fût fait. Alors le serviteur, tombé à ses pieds, demeurait prosterné, disant : " Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout. "

Touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit sa dette.
Ce serviteur, à peine sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers. L'ayant saisi à la gorge, il l'étouffait, disant : " Paie ce que tu dois. "
Son compagnon de service, tombé à ses pieds, le suppliait, disant : " Aie patience envers moi, et je te paierai. " Mais lui ne voulait pas, et il s'en alla le faire mettre en prison jusqu'à ce qu'il eût payé sa dette.
Ce que voyant, ses compagnons de service furent grandement contristés, et ils vinrent raconter à leur maître ce qui s'était passé.
Alors le maître le fit appeler et lui dit : " Serviteur méchant, je t'ai remis toute cette dette, parce que tu m'as supplié. Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon de service, comme moi-même j'ai eu pitié de toi ? " Et son maître irrité le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il eût payé toute sa dette.
Ainsi vous traitera mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond du cœur. " 

Posté le : 09/09/2020

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